Antonín Holý — Wikipédia

Antonín Holý
Antonín Holý (2007).
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 75 ans)
PragueVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Cemetery in Chvaly (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Faculté des sciences de l'université Charles (en)
Faculty of Science, Palacký University Olomouc (d)
Université Charles de PragueVoir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Enfant
Dana Holá (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour
Ústav organické chemie a biochemie Akademie věd České republiky (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Membre de
Učená společnost České republiky (en) (-)
Académie européenne des sciences et des artsVoir et modifier les données sur Wikidata
Distinctions

Antonín Holý (né le à Prague et mort le dans la même ville[1]) est un chimiste tchèque qui a accompli des avancées importantes dans le développement des médicaments antirétroviraux dans la lutte contre le sida et l'hépatite B (Adefovir, Cidofovir, Ténofovir)[2]. Il est l’auteur de plus de 400 articles[3] et le propriétaire de soixante brevets[4].

Carrière scientifique

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Antonín Holý a étudié la chimie organique de 1954 à 1959 au sein de la faculté des sciences de l'université Charles de Prague[5],[6],[7]. À partir de 1960, il étudie au sein de l'Institut de chimie organique et de biochimie (ICOB) de l'Académie tchécoslovaque des sciences et a travaillé au sein de cette même institution, en tant que chercheur depuis 1963[8],[1]. En 1987 Antonín Holý fut mis à la tête du département de chimie des acides nucléiques[1],[6]. De 1994 à 2002, il préside l'ICOB[9],[10],[1],[6].

À partir de 1976, il collabore avec Erik De Clercq (en) de l'université catholique de Louvain au développement d'antirétroviraux[5],[7]. La synthèse chimique était réalisée par Holý à l'Institut de chimie organique et de biochimie à Prague, et l'évaluation des activités biologiques, avec entre autres l’activité antivirale[3], était réalisée par De Clercq à l'institut Rega de l'université catholique de Louvain[7].

Erik De Clercq a développé en 1978 le DHPA[11], un produit de base qui leur a permis de développer les phosphonates, produits imitant des éléments essentiels dans la composition des virus[7]. Ainsi cette collaboration aboutira à la création de médicaments traitant les maladies virales comme l'herpès, la variole, l’hépatite B ou le sida, dont le Cidofovir, le Ténofovir et l’Adefovir[7],[12].

Après la chute du régime communiste, en 1989, qui lui interdisait de superviser des étudiants, Antonín Holý devient professeur dans les universités tchèques et continue de mener ses recherches[2],[8] à l’Institut de chimie organique et de biochimie, où lui et ses quatre équipes scientifiques se consacrent, notamment au développement de médicaments contre des maladies virales, les leucémies[4], l’hépatite C et le cancer[7]. En 1980 est enregistré un gel avec pour nom commercial Duvira gel, contenant de la dihydroxypropyladénine, il traite l'infection de l'herpès, il s'agit du premier médicament antiviral élaboré par l’équipe d’Antonín Holý en collaboration avec la compagnie SPOFA (cs)[13].

Plusieurs phosphonates de nucléosides acycliques furent brevetés par Holý et De Clercq, ils cherchèrent ensuite une société pharmaceutique pour les produire en tant qu'antiviraux. La compagnie Bristol-Meyers eut les droits mais à la suite de sa fusion avec la corporation Squibb en 1989, les droits accordés pour le développement furent perdus et revinrent à l'ICOB. John Charles Martin (en) quitta Bristol-Meyers Squibb pour passer de nouveaux accords, concluent en 1991 et 1992[14]. Martin collecta des fonds et déplaça son équipe de quatorze chercheurs chez Gilead Sciences pour poursuivre le développement des antiviraux[14].

En 1996, le Cidofovir, dont le nom de spécialité est Vistide, est approuvé pour la distribution aux États-Unis et dans l’Union européenne ; en 2001, vient le tour du Ténofovir qui permet de traiter le sida, commercialisé sous le nom de Viread ; Le Hepsera, actif dans le traitement de l'hépatite B chronique active, est commercialisé à partir de 2003 ; L’emtricitabine/ténofovir, qui a pour nom commercial français Truvada, est approuvé en 2006 aux États-Unis[6],[8].

Toujours en 2006, la société américaine de biopharmacie, Gilead Sciences et l’ICOB de l’Académie tchèque des sciences ont commencés un partenariat[7], distinct des accords de 1991 et 1992, dans lequel Gilead Sciences promet une donation de 1,1 million de dollars sur cinq ans pour financer l’ICOB[9],[15],[6].

Antonín Holý prend sa retraite en 2011[15], mais il continuera de travailler en tant que scientifique émérite[16],[10].

Distinctions

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Vie privée

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Antonín Holý est né d’un père ouvrier, et d’une mère au foyer[7], il s’intéresse très jeune à la chimie après avoir découvert à huit ans avec un ami un livre illustré de biologie et de chimie[20]. Antonín dû cependant résister face aux exhortations de la part de ses professeurs de devenir un mineur de charbon[20].

Il se marie en 1959 avec Ludmila[10], une spécialiste en chimie alimentaire, tous deux auront deux filles[7].

D’après Václav Pačes (cs), président de l’Académie des sciences de la République tchèque de 2005 à 2009, l’Académie était une institution qui fut, sous le communisme, moins restreinte que les universités, l’absence d’étudiants à superviser permit aux scientifiques d’avoir accès à un large panel de littérature, ainsi que la possibilité de voyager, ce qui facilita les contacts avec la communauté scientifique internationale[20]. Dans ce contexte Antonin Holý put donc rencontrer Erik De Clercq (en) à Göttingen[21], il parlait par ailleurs, en plus du tchèque, l'anglais, l'allemand et le russe[17].

Du vivant des trois amis, Erik De Clercq eut l'idée, en référence à la collaboration étroite entre lui, Holý et John Martin (en) le CEO de Gilead Sciences, d’appeler leur trio the Holý Trinity[21].

Selon l’institut tchèque de chimie organique et de biochimie, son décès avait été précédé d’un combat contre une maladie à long terme[2]. Le mardi 24 juillet 2012 les obsèques d’Antonín Holý se sont déroulées dans la grande salle du crématorium de Prague-Strašnice, environ 300 personnes y ont assisté parmi elles, le premier ministre Petr Nečas, ainsi que le président de l'Académie des Sciences Jiří Drahoš[22].

Le nom d’Antonín Holý fut donné à un pavillon de l'Institut de chimie organique et de biochimie de l'Académie tchèque des sciences, ouvert le 10 juillet 2014, et dont la construction, à hauteur de deux milliards de couronnes tchèques, fut financée par l’argent des brevets de la collaboration avec Gilead Sciences. L’un des objectifs lors de sa conception était de protéger les employés des matières dangereuses auxquelles ils sont exposés dans les laboratoires[23],[24].

Pavillon Antonín Holý, surnommé en raison de sa forme Květák, Choux-fleur en français
Buste d'Antonín Holý à l'IOCB

Une récompense parrainée par Gilead Sciences, nommée the Antonín Holý Memorial Award, est décernée annuellement depuis 2014 à des scientifiques reconnus à l'international pour leur contribution dans la recherche sur les antivirus ou dans le développement de médicaments antiviraux[25],[26].

Depuis 2015 à l’Institut tchèque de chimie organique et de biochimie, parmi les conférences annuelles où sont invités des chimistes renommés, se trouve la conférence Tony Holý, dédiée à la mémoire du chimiste[27].

Son bureau, préservé à l'Institut de chimie organique et de biochimie, fut ouvert au public la journée du 17 juillet 2017[28].

bureau d'Antonín Holý à l'IOCB
bureau d'Antonín Holý à l'IOCB

En 2017 sort l’édition en anglais du livre Cold War Triangle de Renilde Loeckx, sur la collaboration entre Antonín Holý, Erik de Clercq et John Martin dans le contexte de la guerre froide, une édition en tchèque suivra en 2019[29].

Références

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  1. a b c et d (en) « Antonín Holý », The Lancet,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. a b c et d « Antonin Holy, un grand nom dans le monde scientifique, décède à 75 ans », sur CORDIS | European Commission (consulté le )
  3. a et b (en) « Groundbreaking chemist Antonín Holý dies at 75 », sur Radio Prague International, (consulté le )
  4. a b et c « Le chimiste tchèque Antonín Holý a été fait professeur honorifique de l’Université de Manchester », sur Radio Prague International, (consulté le )
  5. a et b (en) « Czech AIDS drug researcher Antonin Holy dies | Aktuálně.cz », sur Aktuálně.cz - Víte, co se právě děje, (consulté le )
  6. a b c d et e (en) « CZECH INVENTORS : Antonín Holý », sur Radio Prague International (consulté le )
  7. a b c d e f g h et i « Antonín Holý, un chimiste qui a sauvé des millions de vies », sur Radio Prague International, (consulté le )
  8. a b et c « Décès d'Antonín Holý, un très grand chimiste », sur Radio Prague International, (consulté le )
  9. a et b (en) IOCB Prague, « History of IOCB Prague », sur IOCB Prague (consulté le )
  10. a b et c (en) IOCB Prague, « Highlights », sur IOCB Prague (consulté le )
  11. (en) « Viruses with Love for Chemistry: A Commemorative Issue in Honor of Prof. Dr. Erik De Clercq on the Occasion of His 80th Anniversary », sur www.mdpi.com (consulté le )
  12. (en) Erik De Clercq, « The Elegance of the Acyclic Nucleoside Phosphonates (ANPs), Honorary Tribute to Antonín Holý, Who Passed Away on 16 July 2012, at the 10th Anniversary of His Death », Viruses, vol. 14, no 9,‎ , p. 1978 (ISSN 1999-4915, PMID 36146783, PMCID 9503179, DOI 10.3390/v14091978, lire en ligne, consulté le )
  13. (en) IOCB Prague, « Dihydroxypropyladenine », sur IOCB Prague (consulté le )
  14. a et b (en) Erik De Clercq, « Tribute to John C. Martin at the Twentieth Anniversary of the Breakthrough of Tenofovir in the Treatment of HIV Infections », Pubmed,‎ (lire en ligne, consulté le )
  15. a et b (en) « phys.org », Czech chemist Antonin Holy dies at 75,‎ (lire en ligne, consulté le )
  16. (en) « Prof. RNDr. Antonín Holý, DrSc., dr. h. c. mult. - 75th Birthday - Foreword | Collection of Czechoslovak Chemical Communications », sur cccc.uochb.cas.cz (consulté le )
  17. a b c d e et f (en) « UOCHB A.Holy », sur web.archive.org, (consulté le )
  18. « L'Union européenne récompense des chercheurs tchèques », sur Radio Prague International, (consulté le )
  19. « Le chimiste Antonin Holy « Tête tchèque » de l'année pour sa contribution à un antiviral pour le traitement du sida », sur Radio Prague International, (consulté le )
  20. a b et c (en) « Antonín Holý: one of the country's most renowned scientists », sur Radio Prague International, (consulté le )
  21. a et b (en) « Belgian virologist De Clercq remembers Czech chemist Antonín Holý and their work on revolutionary HIV drug », sur Radio Prague International, (consulté le )
  22. « Quelque 300 personnes aux obsèques du chimiste Antonín Holý », sur Radio Prague International, (consulté le )
  23. « Près de deux milliards de couronnes pour le nouveau « chou-fleur » de Prague », sur Radio Prague International, (consulté le )
  24. (en) « The Greatest Science Story in the Czech Republic », CzechInvest,‎ (lire en ligne, consulté le )
  25. « Prof. Chris Meier Receives the Antonín Holý Memorial Award », sur www.cssb-hamburg.de (consulté le )
  26. (en) « Piet Herdewijn receives Antonin Holý Memorial Lecture award May 2014 », sur Rega Institute KU Leuven (consulté le )
  27. (en) IOCB Prague, « Tony Holý Lectures », sur IOCB Prague (consulté le )
  28. (en) IOCB Prague, « Antonín Holý's office opens to the public on the occasion of the fifth anniversary of his decease », sur IOCB Prague (consulté le )
  29. (en) IOCB Prague, « Cold War Triangle », sur IOCB Prague (consulté le )

Liens externes

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