Bataille d'Argenton-Château — Wikipédia
Date | |
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Lieu | Argenton-Château |
Issue | Victoire vendéenne |
République française | Vendéens |
• Jean-Nicolas Stofflet • Louis Richard |
Inconnues | 3 000 hommes[1],[2] |
Inconnues | Inconnues |
Batailles
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- 1re Machecoul
- 1re Saint-Florent-le-Vieil
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- 1re Chemillé
- 1re Cholet
- 1re Coron
- 1re Chantonnay
- Pont-Charrault
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- 1re Sables-d'Olonne
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- 2e Sables-d'Olonne
- 2e Coron
- 2e Chemillé
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- 2e Châtillon
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- Beaupréau
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- 3e Cholet
- 2e Saint-Colombin
- 2e Beaupréau
- 2e Bressuire
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- 2e La Châtaigneraie
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- 2e Moutiers-les-Mauxfaits
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- 2e Saint-Florent-le-Vieil
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- Saint-Cyr-en-Talmondais
- 2e Mortagne
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- Landes de Béjarry
- 2e Quatre Chemins de l'Oie
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- Montorgueil
- La Bruffière
- La Créancière
- 3e Chemillé
- La Bégaudière
- Froidfond
- La Chabotterie
Coordonnées | 46° 59′ 05″ nord, 0° 26′ 52″ ouest | |
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La bataille d'Argenton-Château a lieu le lors de la guerre de Vendée. Elle s'achève par la victoire des Vendéens qui s'emparent du bourg d'Argenton-Château.
Prélude
[modifier | modifier le code]Le , la colonne infernale du général Grignon s'ébranle depuis Argenton-Château[3],[4]. À cette occasion, Grignon écrit au général en chef Louis Marie Turreau : « demain je commencerai les feux de joie, en brûlant et passant au fil de la baïonnette tout ce qui pourra se trouver au pouvoir de ma colonne »[5]. Fin janvier, il ravage la région de Bressuire, puis début février, il se porte sur Saint-Fulgent[6]. Le général vendéen Jean-Nicolas Stofflet profite alors du départ de la colonne infernale pour prendre d'assaut la ville de Bressuire le 24 février[7]. Deux jours plus tard, il fait mouvement sur Argenton-Château[7].
Forces en présence
[modifier | modifier le code]Les effectifs des Vendéens sont estimés à 3 000 hommes par le général François Carpantier, commandant à Saumur et à Doué[1],[Note 1].
Dans ses mémoires[Note 2], le chef vendéen Louis Monnier estime quant à lui la garnison républicaine à 2 400 hommes[8].
Déroulement
[modifier | modifier le code]Le 26 février, l’armée vendéenne sort de Bressuire et marche sur Argenton-Château en empruntant un chemin indirect afin de surprendre les républicains[9],[2],[Note 3]. Cependant, la garnison républicaine est alertée lorsque les Vendéens atteignent Saint-Clémentin, à six kilomètres au sud-ouest d'Argenton[8]. Bien qu'Argenton soit protégé par des murs et un vieux château, les troupes républicaines se déploient en dehors du bourg, entre la porte de Bressuire et la porte de Thouars[8].
Les Vendéens se déploient quant à eux de l'autre côté de la plaine qui sépare Saint-Clémentin d'Argenton[8]. Stofflet prend lui-même position au centre, Challon commande le flanc gauche, face aux troupes positionnées près de la porte de Bressuire, et Louis Richard commande le flanc droit, face aux troupes positionnées près de la porte de Thouars[8]. Stofflet prévoit de commencer l'attaque au centre[8].
Le combat s’engage vers trois heures de l’après-midi[1]. La cavalerie républicaine tente une charge, mais celle-ci échoue car les chevaux sont gênés par la terre fraichement labourée dans la plaine[10],[8]. L'infanterie engage ensuite le feu, mais les Vendéens s'avancent et ripostent[8]. Les républicains sont bientôt enfoncés et prennent la fuite[9],[2],[8]. D'après Louis Monnier, tous les bleus réfugiés à l'intérieur du bourg sont tués au sabre ou la baïonnette[8]. La plupart se sauvent au nord, en direction de Doué ou de Thouars[1],[8],[7]. Les Vendéens ne les poursuivent pas à cause de la tombée de la nuit[9].
Suites
[modifier | modifier le code]À Doué, le général Carpantier demande des secours au général Huché[11]. Il lui écrit le 28 février qu'il n'est pas en mesure de lancer une contre-attaque pour reprendre Argenton, n'ayant que 1 200 hommes sous ses ordres, dont 400 ont été envoyés en renfort à Thouars et 300 à Vihiers[Note 4].
Cependant les Vendéens ne poursuivent pas leur offensive et n'occupent que brièvement Argenton[9],[2]. Ils incendient le château, démolissent les portes, ainsi qu’une partie des murs et des ouvrages défensifs républicains[9],[2],[8],[10]. De nombreux grains sont également trouvés à l'intérieur de l'église[8]. Pendant deux jours, ils sont récupérés par les paysans d'Argenton ou envoyés vers le pays insurgé[9],[8].
Le lendemain du combat, Stofflet fait fusiller Piquet, un commandant de sa cavalerie, coupable d'un viol[Note 5]. L'Armée d'Anjou se sépare ensuite de l'armée de Richard et se porte à Saint-Aubin-de-Baubigné[9].
Le 10 mars, la colonne infernale du général Grignon regagne les régions de Bressuire et d'Argenton-Château, qu'elle ravage à nouveau[13],[14]. Elle se lance également à la poursuite de Stofflet, mais elle perd sa trace en lisière de la forêt de Vezins[14].
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]« Il m'arrive en ce moment deux ordonnances annonçant que les brigands , forts d'environ trois mille hommes, ont attaqué Argenton hier à trois heures après midi, et que la garnison a été contrainte d'évacuer. Elle n'est qu'à une demilieue de Doué. Qu'il est fâcheux pour moi de n'avoir pas assez de forces pour tomber sur eux ! Mais , comme je craindrais qu'en faisant une sortie avec la faible garnison de Doué, les brigands ne vinssent à tourner et enlever le poste , je suis contraint de rester sur la défensive, en attendant de nouveaux ordres[1]. »
— Lettre du général François Carpantier au général Jean-Baptiste Huché, le , à Doué.
« L'armée se mit en marche sur Saint-Clémentin, près d'Argenton-Château , où il y avait 2.400 bleus qui ramassaient les grains du pays et qui en remplissaient l'église que nous trouvâmes comble. Argenton-Château a une petite muraille ancienne qui l'entoure, avec deux portes de ville, et un petit château ; dès que les bleus surent notre arrivée à Saint-Clémentin, qui est tout près de cette ville (il n'y a qu'une petite plaine entre les deux), ils sortirent de la ville et se mirent en bataille le long des murs. Leur droite touchait la porte de la ville de la route de Bressuire, un autre corps était sur notre droite, au bas de cette petite plaine, du côté de la porte de la ville de la route de Thouars, de sorte qu'ils ne craignaient pas que l'ont entrât par l'une ou l'autre porte. Ils ne se crurent pas bien en sûreté dans la ville, ni même dans le château où ils ne pouvaient avoir aucune facilité à bien se défendre. Le général disposa l'armée au combat : notre aile gauche devait attaquer leur droite, et notre droite leur gauche, le centre fut commandé par le général. J'étais alors à ses côtés, il voulut me faire rester avec lui au centre, puisque ma division en faisait partie. Ce fut le brave Challon qui commanda la gauche et Richard, de Cerisay, la droite. L'ordre était que le centre devait attaquer le premier. Il vint sur nous, au grand galop, un escadron de cavalerie qui fut bientôt obligé de s'en retourner avec perte, la plaine étant nouvellement labourée, si bien que les chevaux entraient jusqu'au jarret dans la terre. C'en fut assez de ce signal. Nos soldats, après avoir essuyé un feu bien nourri de la part des bleus, commencèrent à tirer, et bientôt les bleus furent enfoncés et rentrèrent dans la ville, leur droite fut également enfoncée. Les uns rentrèrent dans la ville, es autres se sauvèrent sur la route de Thouars, de sorte que pas un ne se sauva dans la ville. Tous furent passés au fil de l'épée ; on ne se servit pas de cartouches, mais seulement de la baïonnette et du sabre. On trouva l'église remplie de grains. Tous les habitants des environs d'Argenton, qui avaient perdu leurs grains, vinrent avec des charrettes pour le ramener chez eux. Il fallut deux jours pour la vider. On démolit les murs du château, on le brûla même[8]. »
— Mémoires de Louis Monnier.
« Nous quittâmes Bressuire avec l'intention de marcher sur Argenton-le-Château, mais en prenant un chemin qui pût nous faire supposer d'autres projets. Un détachement de la garnison vint nous attaquer au bourg où nous étions; les républicains furent battus et reconduits jusque dans Argenton, où nous entrâmes pêlemêle avec eux.
Le surplus de la garnison ne nous avait pas attendus; le bruit de nos tambours battant continuellement la charge sur une grande largeur de terrain, et s'approchant toujours, les avait jetés dans une grande confusion que les ombres de la nuit augmentaient encore. Cette même obscurité nous empêcha de poursuivre l'ennemi plus loin qu'Argenton, que nous occupâmes le 26 février. Nous fîmes un séjour dans notre nouvelle conquête, et comme elle présentait quelque défense quand on n'a pas d'artillerie, on démolit les portes, une partie des murs, et le château fut brûlé. On trouva à Argenton beaucoup de provisions de bouche, et une infinité d'autres choses qui furent envoyée dans l'intérieur du pays. Étant instruits que l'ennemi venait nous attaquer, nous ne jugeâmes pas à propos de l'attendre où d'aller au-devant de lui ; nos soldats, pour la plupart, avaient quitté l'armée pour déposer chez eux ce qu'ils avaient pris aux républicains dans les deux dernières affaires[9]. »
— Mémoires de Bertrand Poirier de Beauvais.
« Les brigands sont encore actuellement à Bressuire et à Argenton. Une patrouille m'apprend qu'à Argenton, ils chargent des voitures et qu'ils ont mis le feu aux magasins de fourrages. Je présume qu'ils vont prendre la route des Aubiers pour aller déposer leurs richesses dans la forêt de Vezin.
Je suis réduit à douze cents hommes, dont quatre cents sont partis au secours de Thouars menacé et trois cents à Vihiers : ainsi je ne peux marcher sur les brigands. Je te renouvelle la demande de mes bataillons[11]. »
— Lettre du général François Carpantier au général Jean-Baptiste Huché, le , à Doué.
« La mort (de La Rochejaquelein) consterna sa petite armée et laissa le commandement en chef à Stofflet, à qui il fut déféré. Peu après cet évènement, informé qu'un corps de six cents hommes, posté à Bressuire, se proposait de faire une incursion dans le pays, il le prévint, le chassa de l'endroit en lui tuant beaucoup de monde. Dans cette rencontre, l'officier qui commandait sa cavalerie trouva une jeune mariée à son gré, il la viola et la tua après. M. Stofflet le fit aussitôt passer au conseil de guerre et fusiller, quoiqu'il en fit beaucoup de cas à cause de son courage ; il le laissa exposer sur la place, en quittant la petite ville. »
— Précis historique de Henri Michel Gibert
« Je ne donnerai point de détails sur la mort du nommé Piquet, un des plus braves de nos cavaliers. Il fut condamné à être fusillé à la tête de l'armée, avant le départ d'Argenton, pour un crime des plus abominables, qu'il avait déjà commis à Chemillé, et dont le sauva alors son protecteur Bérard. Il fut fusillé sur la place d'Argenton-Château, à la tête de l'armée qui cria : « Grâce! grâce ! » Le général cria : « Feu », et il tomba mort[8]. »
— Mémoires de Louis Monnier.
« C'est là que le général Stofflet fit punir de mort le nommé Piqué, déserteur de la république, que l'on avait fait commandant de cavalerie, et qui avait voulu insulter une femme pendant la nuit : quelques-uns demandaient grâce; mais les honnêtes gens demandèrent sa mort à grands cris, disant que si on laissait ainsi des crimes impunis, cela ferait périr toute l'armée. La malheureuse femme fut sauvée par moi et deux de mes camarades, qui entendîmes du bruit et qui fûmes lui porter secours; nous dénonçâmes le coupable, qui fut fusillé à la tête de l'armée rassemblée. Nous en aurions fait punir deux autres de ses camarades, si l'ennemi n'était venu. Ils furent blessés dans le combat et transportés dans des baraques de la forêt de Vezin. Quelques jours après (Dieu ne laissant rien impuni), les républicains pénétrèrent dans la forêt, et les firent brûler dans leurs baraques; mais malheureusement ils en massacrèrent bien d'autres braves et honnêtes[12]. »
— Mémoires de Renée Bordereau.
Références
[modifier | modifier le code]- Savary, t. III, 1825, p. 232.
- Chassin, t. IV, 1895, p. 309-310.
- Hussenet 2007, p. 292.
- Gérard 2013, p. 306.
- Gérard 2013, p. 308.
- Delahaye et Gaborit 1995, p. 45-46.
- Delahaye et Gaborit 1995, p. 54.
- Monnier 1894, p. 75-77.
- Poirier de Beauvais 1893, p. 267-268.
- Gabory 2009, p. 389.
- Savary, t. III, 1825, p. 235.
- Bordereau 1814, p. 46.
- Hussenet 2007, p. 45.
- Delahaye et Gaborit 1995, p. 56-57.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Renée Bordereau, Mémoires de Renée Bordereau, dite Langevin, touchant sa vie militaire dans la Vendée rédigés par elle-même, Paris, L. G. Michaud, imprimeur, , 64 p. (lire en ligne).
- Charles-Louis Chassin, La Vendée Patriote 1793-1795, t. IV, Paris, Paul Dupont, éditeur, , 699 p. (lire en ligne).
- Nicolas Delahaye et Pierre-Marie Gaborit, Les 12 Colonnes infernales de Turreau, Éditions Pays et Terroirs, , 159 p. (ISBN 978-2908048209).
- Émile Gabory, Les Guerres de Vendée, Éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1504 p. (ISBN 978-2221113097).
- Jacques Hussenet (dir.), « Détruisez la Vendée ! » Regards croisés sur les victimes et destructions de la guerre de Vendée, La Roche-sur-Yon, Centre vendéen de recherches historiques, , 634 p.
- Alain Gérard, Vendée : les archives de l'extermination, La Roche-sur-Yon, Centre vendéen de recherches historiques, , 684 p. (ISBN 978-2-911253-55-3).
- Louis Monnier, Mémoires sur la guerre de Vendée, Germain et G. Grassin, Imprimeurs-libraires, , 124 p. (lire en ligne). .
- Bertrand Poirier de Beauvais, Mémoires inédits de Bertrand Poirier de Beauvais, Plon, , 420 p. (lire en ligne).
- Jean Julien Michel Savary, Guerres des Vendéens et des Chouans contre la République française, t. III, Baudoin frères, Libraires-éditeurs, , 588 p. (lire en ligne).