Couronne d'Aragon — Wikipédia

Couronne d'Aragon
(an) Corona d'Aragón
(ca) Corona d'Aragó
(la) Corona Aragonum

11371716

Drapeau
Drapeau
Blason
Armoirie
Description de cette image, également commentée ci-après
La Couronne d'Aragon
Informations générales
Statut Monarchie pactiste
Capitale

Saragosse (capitale politique)

Barcelone (capitale économique et administrative[1])
Langue(s) Aragonais, catalan, napolitain, sicilien, corse
Religion Catholicisme
Monnaie Ducat
Histoire et événements
1137 Union du royaume d'Aragon et du comté de Barcelone
1238 Acquisition du royaume de Valence et Majorque
1282 Acquisition du royaume de Sicile
1295 Acquisition du Royaume de Sardaigne
1442 Acquisition du royaume de Naples
1479 Union avec la couronne de Castille (Monarchie catholique)
1516-1700 Intègre l'Espagne des Habsbourgs
1716 disparition (décrets de Nueva Planta)

Entités suivantes :

La couronne d'Aragon est une monarchie composite instituée par une union dynastique qui a réuni de nombreux royaumes méditerranéens au Moyen Âge et à l'époque moderne. Cette couronne d'Aragon naît de l'union du royaume d'Aragon et du comté de Barcelone par le mariage de Pétronille d'Aragon et de Raimond-Bérenger IV de Barcelone en 1137. Elle constituait une confédération de royaumes réputés indépendants, disposant chacun de ses propres lois et institutions sous la domination d'un prince unique, titré roi d'Aragon[2],[3],[4]. Le mariage des Rois catholiques, rois d'Aragon et de Castille, donna naissance en 1479 à une nouvelle monarchie composite plus large, la Monarchie hispanique de la maison de Habsbourg. Après plus de deux siècles de cette nouvelle union dynastique, la couronne d'Aragon et le royaume de Castille sont unifiées en 1707, 1715 et 1716 par les décrets de Nueva Planta au sein d'un État centralisé.

Naissance de la couronne d'Aragon

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Union du comté de Barcelone (en rouge) et du royaume d'Aragon (en bleu) en 1137.

La mort en 1134, à la bataille de Fraga, du roi Alphonse Ier d'Aragon, dit le Batailleur provoque une crise de succession dans le royaume. Le testament de ce roi guerrier, sans descendance à la suite de ses démêlés conjugaux avec Urraque Ire de Castille et diplomatico-religieux avec le pape Pascal II, stipule qu'il lègue son royaume aux ordres militaires du Temple, de l'Hôpital et du Saint-Sépulcre. Ce testament est logiquement et vigoureusement contesté par la noblesse aragonaise qui place sur le trône le frère puîné du défunt monarque, Ramire, qui règne sous le nom de Ramire II, dit le Moine. La noblesse navarraise profite de la situation pour reprendre l'indépendance perdue en 1074 en donnant le trône du royaume de Navarre à García, petit-fils du Cid Campeador.

De son mariage avec Agnès de Poitiers, Ramire II a une fille, Pétronille, dont la main est tout d'abord sollicitée par le roi de Castille et León Alphonse VII l'Empereur mais le roi d'Aragon décide finalement de l'unir au comte Raimond-Bérenger IV de Barcelone, dit le Saint. Ce dernier, devenu prince d'Aragon prend la tête des deux États, permettant à Ramire II de se retirer de la vie politique.

Le fils de Raimond-Béranger et de Pétronille, Alphonse II d'Aragon devient le premier roi d'Aragon à porter également la couronne comtale de Barcelone, donnant ainsi naissance à la couronne d'Aragon.

Expansion territoriale de la couronne d'Aragon

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Contenue à l'est de la péninsule par le puissant royaume de Castille, la couronne cherche à s'étendre au sud, au détriment des Maures, et au nord, vers le royaume de France. En 1213, la mort inattendue de Pierre II d'Aragon à la bataille de Muret, alors qu'il apporte une aide militaire à ses vassaux de Toulouse, du Béarn, de Comminges lors de la croisade des albigeois, sonne le glas des ambitions de l'Aragon sur le Languedoc. Le traité de Corbeil, signé en 1258 entre les représentants de Saint Louis et Jacques Ier d'Aragon, confirme le contrôle du royaume de France sur le Languedoc.

La couronne d'Aragon en 1441

Le traité de Cazola (1179) entre les royaumes de Castille et d'Aragon, assigne à la couronne la reconquête des terres d'al-Andalus au sud de la Catalogne. Le roi Jacques Ier, qui y gagne son surnom de « le Conquérant », mène à bien la conquête des Baléares[N 1] (1229) et celui de Valence (1232). Malgré son intervention dans le royaume de Murcie (1266), celui-ci est intégré à la couronne de Castille non sans que l'Aragon persiste à en revendiquer la souveraineté.

Les États de la couronne d'Aragon sur l'année 1653, dans une carte réalisée par des cartographes français.

Une fois achevée sa part dans la Reconquista, la couronne se tourne vers la Méditerranée pour sa nouvelle expansion territoriale. Pierre III d'Aragon, marié en 1262 avec Constance de Hohenstaufen, héritier du royaume de Sicile, profite — et même probablement encourage en sous-main — de la révolte populaire contre Charles Ier d'Anjou, déclenchée par les Vêpres siciliennes (1282), pour prendre possession du royaume de Sicile. Quelques années plus tard, il doit faire face, avec succès, à l'offensive du roi de France Philippe III le Hardi qui déclenche la croisade d'Aragon à l'instigation du pape Martin IV. Cette victoire permet au fils de Pierre III, Alphonse III, de conquérir Minorque et de confisquer (1286) le royaume de Majorque dont le souverain, Jacques II, a appuyé le roi de France dans son entreprise contre Pierre III. Le royaume est restitué en 1295 par le traité d'Anagni mais son souverain reste vassal du roi d'Aragon.

Malgré les traités de Cazola puis d'Almizra (1244), le contrôle des territoires reconquis au sud du royaume de Valence fait l'objet de frictions entre le royaume de Castille et la couronne d'Aragon. Il faut attendre la sentence arbitrale de Torrellas (1304), complétée par le traité d'Elche (1305), pour figer la frontière du royaume de Murcie (dévolu à la Castille) et du royaume de Valence (qui reste sous contrôle aragonais après avoir amputé celui de Murcie de la région d'Alicante).

Chronologie simplifiée

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Expansion territoriale de la couronne d'Aragon.

Composition de la couronne d'Aragon

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Carte anachronique des possessions de la Couronne d'Aragon (sans Corse).
Armoiries des rois d'Aragon et de Sicile.

Institutions

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Après l'union avec la Castille

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Les royaumes de la couronne d'Aragon sont en union personnelle dans une même dynastie, ils sont donc réputés indépendants et souverains, même s'ils possèdent un même monarque, par ailleurs roi de Castille. Chacun conserve de ce fait son indépendance juridique, institutionnelle et financière, même si la monarchie organise un conseil d'Aragon, chargé de conseiller le prince au niveau central sur ces domaines. Les affaires des royaumes de Naples, de Sardaigne et de Sicile étaient prises en charge, avec celle du duché de Milan, par un second conseil central, celui d'Italie. Dans les différents royaumes, le prince est représenté par un vice-roi et sa justice est administrée par une audience (cour suprême de justice, équivalente aux parlements d'Ancien Régime).

Les royaumes d'Aragon, de Majorque et de Valence / Valencia, ainsi que la principauté de Catalogne, sont dotés tous quatre de Corts ou Cortes. Ces assemblées disposent de nombreuses compétences, dont principalement celles de reconnaître le roi et d'établir la fiscalité. Elles se composent de trois bras, équivalent des ordres français : le bras militaire (noblesse), le bras ecclésiastique (clergé) et le bras des universitats ou universidades (villes). Lors des sessions des Corts, le montant des subsides levés au nom de la monarchie est négocié entre le roi et les délégués. En outre, l'assemblée peut faire des remontrances au roi sur le non-respect des privilèges locaux (les Fors). La monarchie y est donc pactiste. Pour simplifier les sessions, on réunit les trois assemblées dans une même ville, généralement Monzon où elles siègent séparément. Dans l'intervalle entre les sessions, une délégation permanente des Cortes assure les affaires courantes et les relations avec la monarchie. Dans les autres royaumes de la couronne, ces sessions sont dirigées par le vice-roi.

Dans le conflit pour la succession d'Espagne, la couronne d'Aragon et se habitants prennent parti pour Charles III de Habsbourg, qui leur avait promis de préserver leurs institutions et libertés, contre le petit-fils de Louis XIV, le duc d'Anjou. Ce dernier, devenu roi absolu, après une guerre longue et meurtrière, sous le nom de Philippe, ou Felipe, V d'Espagne, décide, sous l'influence de son grand-père et de ses conseillers et administrateurs français, de transformer la monarchie en un royaume centralisé sous l'égide des castillans et il supprime l'autonomie et les particularismes de la couronne d'Aragon en annulant ses lois et en dissolvant ses diverses institutions administratives, judiciaires, législatives et universitaires et en interdisant ses langues (aragonais, catalan et occitan aranais). Philippe V fut le fondateur de la dynastie des Bourbons dont le dernier descendant Philippe VI est toujours roi d'Espagne en 2023. Le dernier des décrets de Nueva Planta, en 1716 voit disparaître la couronne en tant qu'entité politique.

Héritage héraldique

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En raison de la présence aragonaise, différents territoires ont des symboles distinctifs étroitement liés à la couronne et a la maison de Barcelone. Les drapeaux des communautés autonomes d'Aragon, de Catalogne, de Valence et des Baléares partagent le drapeau des rois d'Aragon.

Drapeau d'Aragon, avec les quatre barres rouges sur fond jaune et la croix de Saint-Georges aux quatre têtes mauresques.

Mais ces symboles ne sont pas seulement utilisés en Espagne. La Principauté d'Andorre porte également ses couleurs sur son bouclier. Aussi le département français des Pyrénées-Orientales, le département français de la Lozère, la région française du Languedoc-Roussillon, la région française de Provence-Alpes-Côte d'Azur, la ville italienne d'Alghero, la province italienne de Reggio Calabre, la province italienne de Catanzaro ou de la province italienne de Lecce.

La ville italienne de Naples doit également ses couleurs à la présence aragonaise. Sa particularité à la fois héraldique et vexilologique est la combinaison d'or et de gueules, dont l'origine est dans le contrôle de la ville par les monarques de la couronne d'Aragon.

Ils ont également leur origine dans la couronne d'Aragon les drapeaux de la Sardaigne et de la Corse, héritage des rois d'Aragon après la bataille d'Alcoraz en 1096, et les sceaux de plomb de Pedro III utilisés à partir de 1281 par l'intermédiaire de ses descendants, comme Jean Ier, qui a accordé aux deux îles l'emblème des quatre têtes vers la Sardaigne et d'un seul vers la Corse.

En conclusion, on peut dire qu'à l'heure actuelle plusieurs territoires provençaux de la France et de l'Italie, et quatre autonomies espagnoles ont gardé le souvenir des armes de signalisation des rois d'Aragon. Ainsi, l'Aragon, les Baléares, la Catalogne et Valence utilisent plus ou moins cet emblème sur leurs armoiries et drapeaux régionaux, pas toujours conformément à la tradition et aux significations qu'ils avaient au moment de la formation de ces signes.

Notes et références

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  1. À l'exception de l'île de Minorque, qui paie un tribut jusqu'en 1286, date à laquelle elle est conquise par Alphonse III le Libéral.

Références

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  1. (es) Carlos López Rodríguez, Qué es el Archivo de la Corona de Aragón?, Mira Editores, , 178 p. (ISBN 978-84-8465-220-5), p. 32-33, 35-38, 41
  2. (es) Agustín Ubieto (es), Historia de Aragón, vol. I, Saragosse, 'Institución Fernando el Católico', Excelentísima Diputación de Zaragoza, , 168-69 p. (ISBN 84-7820-046-0, lire en ligne).
  3. Reglà 1992, p. 31. « La unió entre els diversos regnes integrants és de tipus dinàstic, puix que cadascun d'ells conserva la seua personalitat pròpia […] concepciò institucional […] que perdura mentre existeix la Corona d'Aragó, çò és, fins a començaments del segle XVIII »
  4. Sanchis Guarner 2023, p. 181.

Articles connexes

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Bibliographie

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Liens externes

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