François Bozizé — Wikipédia

François Bozizé
Illustration.
François Bozizé en 2007.
Fonctions
Président de la République centrafricaine

(10 ans et 9 jours)
Élection 8 mai 2005
Réélection 23 janvier 2011
Vice-président Abel Goumba
Premier ministre Abel Goumba
Célestin Gaombalet
Élie Doté
Faustin-Archange Touadéra
Nicolas Tiangaye
Prédécesseur Ange-Félix Patassé
Successeur Michel Djotodia
Biographie
Nom de naissance François Bozizé Yangouvonda
Date de naissance (78 ans)
Lieu de naissance Mouila, Afrique-Équatoriale française (territoire actuel de Gabon)
Nationalité Centrafricaine
Parti politique Convergence nationale - Kwa Na Kwa
Conjoint Monique Bozizé
Enfants Jean-Francis Bozizé
Profession Militaire
Religion Christianisme céleste

Signature de François Bozizé

François Bozizé
Présidents de la République centrafricaine

François Bozizé Yangouvonda, né le à Mouila (Gabon), est un homme d'État centrafricain, président de la République après le coup d'État du qui l'a porté au pouvoir. Il est renversé le et s'enfuit au Cameroun. Il est un soutien de la rébellion de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC) depuis 2020.

Sous Bokassa

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Issu de l'ethnie Gbaya[1] et engagé très tôt dans l’armée après avoir fini à peine le collège, François Bozizé est entré à l'École Spéciale de Formation des Officiers d'Active (ESFOA) de Bouar[2]. Il devient général de brigade sous Jean-Bedel Bokassa[3],[4]. Responsable avec le général Mayo Mokola des troupes de Bangui, il est chargé de la répression des manifestations de lycéens, du 15 au , faisant plusieurs dizaines de morts parmi les élèves[5]. Cet évènement est commémoré par la « journée des martyrs », le de chaque année[6],[7].

Sous David Dacko

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Il devient ministre de la Défense de David Dacko, après l'opération Barracuda de l'armée française qui renverse Bokassa[8].

Putsch manqué et exil

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Sous le régime militaire du général André Kolingba, le général Bozizé soutient l'opposition et fomente un coup d'État en 1982. À la suite de l’échec de ce putsch, Bozizé et Ange-Félix Patassé, le chef politique du coup d’État, partent en exil au Togo.

En 1993, il se présente une première fois à la présidentielle contre Ange-Félix Patassé, sans succès[8].

Le retour en Centrafrique : un pilier du régime de Patassé

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Dix ans plus tard, le général Kolingba, suivant le mouvement amorcé dans les anciennes colonies francophones, tient une élection présidentielle libre, multi-partite et équitable[réf. nécessaire]. Ange-Félix Patassé est élu président de la République avec 52,5% des voix[9].

Au fil des ans, Bozizé devient un des hommes forts du régime Patassé et surtout sa courroie de transmission dans l'armée. Avec l'aide militaire de la France, Bozizé rétablit le calme après les deux dernières mutineries de 1996 et 1997. Devant la montée des mécontentements dans l'armée, Patassé ressent le besoin de donner plus de pouvoirs à Bozizé en le nommant chef d'état-major des armées centrafricaines. C'est pendant cette période que Bozizé a procédé à de multiples assassinats par le truchement de certains sous-officiers et officiers opérant au sein de la Garde Présidentielle et/ou dans le rang des FACA.[réf. nécessaire]

Second putsch manqué et second exil

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Lors d'un autre coup d'État en mai 2001 contre un Patassé de plus en plus contesté, ce sont les troupes libyennes qui assurent la sécurité du président[10]. Le putsch échoue, mais Bozizé est sur la sellette. Dans l'entourage du président, on lui reproche une participation à cette tentative de renversement ou tout du moins un certain laisser-faire. Sentant venir sa fin, Bozizé fuit la Centrafrique pour le Tchad voisin avec quelques troupes.

Du Tchad, Bozizé mène quelques incursions en Centrafrique, mais rien de bien inquiétant pour le pouvoir du président Patassé, toujours vacillant mais désormais soutenu par la puissante armée libyenne. La tentative de renversement d'octobre 2002 échoue, Patassé recevant en outre l'appui du Mouvement de libération du Congo (MLC), un groupe de miliciens soutenus par l’Ouganda et actifs dans la guerre civile en république démocratique du Congo voisin.

Le soutien ou tout du moins la bienveillance tchadienne à l'égard des activités militaires de Bozizé irrite Patassé au plus haut point, d’autant plus que l’armée centrafricaine est acquise au général en exil. Patassé accuse son homologue tchadien et recherche l’aide de la France pour assurer sa sécurité. À plusieurs reprises, l’ancienne puissance coloniale était déjà intervenue pour le sauver, mais devant l’instabilité chronique de la RCA et le manque total de soutien populaire, la France rejette poliment ses demandes et le laisse tomber.

Le coup d'État réussi de 2003

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Le , alors que Patassé est en voyage au Niger, Bozizé rentre au pays et s’empare de Bangui avec le soutien de l'armée tchadienne[11],[12]. Patassé doit alors partir en exil au Cameroun puis au Togo[13],[14].

Présidence

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Devenu chef de l'État[15], Bozizé promet d'engager un processus de normalisation politique pour le retour à la démocratie. Après plusieurs reports dus à la mise à jour des listes électorales, les élections démocratiques et multi-partites qu'il a promises sont fixées au .

Le gouvernement français lui envoie en qualité de conseiller en matière de défense le général Jean-Pierre Perez, qui commandait les forces françaises en Centrafrique jusqu'à leur départ en 1998[16].

Après les émeutes des « Chimères » en mars 2004, le président haïtien Jean-Bertrand Aristide est renversé et Bozizé l'accueille en exil en Centrafrique.

En 2004, la douane allemande découvre une mallette remplie de diamants dans son avion privé[8].

F. Bozizé a la Table ronde des partenaires au développement de la République centrafricaine à Bruxelles en 2007.
F. Bozizé à la réunion sur la Réforme du secteur de sécurité à Bangui en 2008.

Bozizé remporte l'élection présidentielle et son parti la Convergence nationale - Kwa Na Kwa remporte 42 sièges sur 105 lors des élections législatives de 2005[17].

Son mandat qui expire le est prolongé le par un vote du Parlement, validé le [18] par la Cour constitutionnelle. Bozizé est réélu au premier tour de l'élection présidentielle de 2011 avec 64,37 % des voix face à Ange-Félix Patassé (21,41 %) et Martin Ziguélé (6,8 %)[19]. Sa famille occupe une vingtaine de sièges[20]. Plusieurs candidats déposent des recours devant la Cour constitutionnelle, dénonçant des fraudes. La Cour rejette les recours mais dans l'annonce des résultats finaux, elle écarte les résultats de certains bureaux de vote jugés « litigieux »[21],[22].

En 2012, le pétrole de Gordil, à la frontière tchadienne est concédé par son régime à la China National Petroleum Corporation[23],[24].

Chute et exil

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Fin 2012, menacé par la rébellion de la Seleka arrivée aux portes de la capitale Bangui, le président François Bozizé appelle à l'aide[25],[26],[27] la France et les États-Unis. Le président sud-africain Jacob Zuma aurait envoyé, face à la Séléka, une force d’interposition d'environ 300 hommes en , en échange de concessions minières à des proches de son parti[28].

Un cessez-le-feu est négocié en décembre sous le patronage de Denis Sassou-Nguesso, le président congolais, mais ne tient pas[16].

Le , les rebelles de la Seleka, parrainés par le Tchad et le Soudan, s'emparent du palais présidentiel et leur chef de file, Michel Djotodia, prend le pouvoir[29],[30].

François Bozizé s'enfuit alors vers le Cameroun, où il est hébergé par le président de la République, Paul Biya[31],[32],[33].

Le , un mandat d'arrêt international est émis contre lui par la justice centrafricaine[34],[35].

Élection présidentielle de 2020

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En 2019, Bozizé rentre en RCA[36].

En , le parti Kwa na Kwa propose François Bozizé comme candidat à l'élection présidentielle de décembre 2020[37]. François Bozizé dépose sa candidature auprès de l'Autorité nationale des élections. Le , la Cour constitutionnelle invalide cette candidature en raison des poursuites en RCA, entre autres pour « assassinats » et « tortures », et des sanctions de l'ONU à l'encontre de Bozizé[38].

La Coalition des patriotes pour le changement (CPC), un groupe armé est formé en . La CPC cherche à annuler les élections (présidentielle et législatives) prévues pour fin décembre. Bozizé annonce son soutien à la CPC le jour des élections[39]. La CPC gagne du territoire mais sa progression est arrêtée par le groupe Wagner et les Forces armées rwandaises, alliés du président Touadéra[40]. À partir de , Bozizé coordonne officiellement cette rébellion depuis des zones non contrôlées par le pouvoir central[41],[42].

Depuis 2021 : nouvel exil et CPC

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Bozizé repart en exil au Tchad voisin en 2021[36] et deux ans plus tard, il quitte ce pays pour la Guinée-Bissau. Ce nouvel exil fait suite à des discussions entre les présidents tchadien, Mahamat Idriss Déby, et centrafricain. Mahamat Idriss Déby souhaite garder de bonnes relations avec son voisin centrafricain or ce dernier craint l'influence de Bozizé et le risque d'un nouveau coup d'État[43],[44].

Le 21 septembre 2023, la Cour d'appel de Bangui le condamne par contumace, avec d'autres dirigeants de la CPC, à une peine de travaux forcés à perpétuité pour « complot » et « rébellion »[45],[46].

Le , la Cour pénale spéciale (de) (CPS), tribunal formé par l'ONU, émet un mandat d'arrêt international contre François Bozizé. La CPS indique que le mandat d’arrêt international vise les crimes commis entre février 2009 et mars 2013, par la Garde présidentielle de François Bozizé à Bossembélé[40]. Le président bissau-guinéen Umaro Sissoco Embaló considère que son pays n'a pas de loi d'extradition et que par conséquent Bozizé ne devrait pas être extradé[47].

Notes et références

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  1. (en) « François Bozizé: CAR accuses former president of 'attempted coup' », BBC News, .
  2. (en) Bozize to contest presidency as an independent candidate, site des Réseaux d'information régionaux intégrés
  3. François Bozizé : Tôt ou tard, je reviendrai, François Soudan, 16/08/2013, Jeune Afrique
  4. François Bozizé, un obsédé du pouvoir - Agence centrafricaine de presse - 18 février 2013
  5. D. Bigo, 1988, Pouvoir et obéissance en Centrafrique, Paris, Karthala, pages 196-197
  6. Centrafrique/Société : 28e anniversaire de la journée des Martyrs, Agence Centrafrique Presse, 2007
  7. Journée des Martyrs en RCA, « pardonner mais ne pas oublier », Radio Ndeke Luka
  8. a b et c Le général Bozizé couronné président, Libération, mai 2005
  9. Élection d'Ange Félix Patassé à la présidence de la République centrafricaine, Université de Sherbrooke
  10. « Le coup d'Etat de mai 2001 au Centrafrique un événement presque ignoré »
  11. Qui va sauver Bozizé ? Abdou Karim Sawadego, décembre 2012, Courrier international
  12. Centrafrique : comment François Bozizé a perdu ses alliés, RFI, 2013
  13. Patassé rentre d'exil, Jeune Afrique, 2009, AFP
  14. « Centrafrique : 19 ans après le coup d’Etat du 15 mars 2003, toujours pas de justice pour les victimes »
  15. Djotodia, l'autocrate à l'école de Patassé et Bozizé, Courrier international, mars 2013
  16. a et b Thomas Borrel, L'Empire qui ne veut pas mourir: Une histoire de la Françafrique, Seuil, , p. 918
  17. François Bozizé est réélu à la tête de l'État centrafricain, Agence France-Presse et Le Monde, 25-05-2005]
  18. « La prolongation du mandat de Bozizé confirmée par la Cour constitutionnelle », sur JeuneAfrique.com, jeuneafrique1, (consulté le ).
  19. François Bozizé élu président, Le Nouvel Observateur, 25-05-2005
  20. La Lettre du Continent n° 605 – 10 février 2011.
  21. Bozizé officiellement réélu président, l'opposition critique, AFP, 14 février 2011.
  22. Bozizé réélu président au 1er tour avec 66,08 %, La Voix, 2 février 2011 [lien cassé]
  23. Agonie silencieuse de la Centrafrique, Le Monde diplomatique, octobre 2013
  24. CENTRAFRIQUE-PRESSE.COM, Bozizé accorde l’ancien permis pétrolier de Grynberg aux Chinois
  25. Le président centrafricain appelle la France et les États-Unis à l'aide, Libération, 27 décembre 2012
  26. En Centrafrique, la capitale redoute une entrée des rebelles, La Croix, 27/12/12
  27. Central African Republic's Bozize in US-France appeal, BBC, 27 décembre 2012
  28. Patrice Gourdin, octobre 2013, Diplo Web
  29. Agonie silencieuse de la Centrafrique - Une histoire violente, Le Monde diplomatique, octobre 2013
  30. Mystery Shrouds Rise and Aims of Rebel at Helm of Central African Republic, SCOTT SAYARE, 13 avril 2013, New York Times
  31. (en) CAR rebels 'seize' presidential palace, Al Jazeera English, 24 mars 2013
  32. Centrafrique : Paris envoie 300 soldats en renfort après la fuite de Bozizé, Le Monde, 24 mars 2013.
  33. Centrafrique: Bozizé au Cameroun, Le Figaro et AFP, 25/03/2013
  34. CAR issues arrest warrant for ex-president, Al Jazeera English, 1er juin 2013
  35. « RCA : François Bozizé visé par un mandat d'arrêt international », in rfi.fr, 1er juin 2013.
  36. a et b Mathieu Olivier, « Centrafrique : la nouvelle vie de François Bozizé au Tchad », Jeune Afrique, .
  37. « Présidentielle en Centrafrique : François Bozizé à l’assaut de Bangui », sur JeuneAfrique.com, (consulté le )
  38. « Centrafrique : la candidature de François Bozizé à la présidentielle invalidée », France24, .
  39. Florence Morice, « Élections en Centrafrique: le soutien polémique de Bozizé à la rébellion », sur RFI, (consulté le ).
  40. a et b « En Centrafrique, un mandat d’arrêt émis contre l’ex-président Bozizé pour de possibles crimes contre l’humanité », Libération et AFP, .
  41. « Centrafrique : quels sont les plans de l’Angola pour régler le cas Bozizé ? », Jeune Afrique, .
  42. Mathieu Olivier, « Centrafrique : François Bozizé, jusqu’à la dernière balle ? », Jeune Afrique, .
  43. « Exclusif – François Bozizé a quitté le Tchad pour la Guinée-Bissau », Jeune Afrique, .
  44. « Après son exil au Tchad, l'ex-président centrafricain François Bozizé désormais en Guinée-Bissau », Radio France internationale, .
  45. « François Bozizé condamné aux travaux forcés à perpétuité », Jeune Afrique, .
  46. « Centrafrique: l’ex-président François Bozizé et des chefs rebelles condamnés à perpétuité par contumace », Radio France internationale, .
  47. « Mandat d’arrêt contre François Bozizé: le président bissau-guinéen déclare que son pays «n'a pas de loi d'extradition» », Radio France internationale, .

Ref: Jean-Marc Aractingi, La politique à mes trousses, Paris, Éditions l'Harmattan, 2006 (ISBN 978-2-296-00469-6)

Articles connexes

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Liens externes

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