Georges Finet — Wikipédia
Georges Finet | ||
Biographie | ||
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Naissance | Villeurbanne (France) | |
Ordination sacerdotale | , par Louis-Joseph Maurin | |
Décès | (à 91 ans) Châteauneuf-de-Galaure (France) | |
Autres fonctions | ||
Fonction religieuse | ||
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Fonction laïque | ||
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Georges Finet, né le à Villeurbanne et mort le à Châteauneuf-de-Galaure, est un prêtre catholique et prédicateur français, principalement connu en tant que père spirituel de Marthe Robin et cofondateur des Foyers de charité.
De nombreux témoignages tardifs l'accusent d'abus sexuels pendant plusieurs décennies.
Biographie
[modifier | modifier le code]Formation
[modifier | modifier le code]Georges Finet naît le à Villeurbanne au sein d'une famille bourgeoise, travailleuse, pieuse et unie dont il restera proche toute sa vie. Il est baptisé le lendemain en la basilique Notre-Dame de Fourvière. Fils de Ludovic et Marie-Antoinette Finet, il a deux frères dont un, Pierre, deviendra jésuite et trois sœurs dont une deviendra petite sœur de l'Assomption[1].
À l'âge de 12 ans, il entre comme pensionnaire à l'institution des Chartreux, où il est un bon élève. Fin mai 1915, à l'âge de 17 ans, il part pour une brève retraite de fin d'études à Ars-sur-Formans, où il ressent un appel à la prêtrise alors qu'il est en adoration eucharistique en la petite chapelle de la Providence. Il est alors envoyé au séminaire français de Rome, où il découvre Le Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge de Louis-Marie Grignion de Montfort qui représente une étape décisive. Après cette lecture, il décide en effet de remettre à la Vierge Marie la conduite de sa vie intérieure et ses actions extérieures[2].
Il doit cependant interrompre ses études car il est mobilisé en 1917. Durant la Première Guerre mondiale, il apprend notamment à « commander en se faisant aimer par ses hommes »[2]. Il entre ensuite à l'Université pontificale grégorienne[1].
Missions
[modifier | modifier le code]Georges Finet est ordonné le en la chapelle des Chartreux à Lyon, par le cardinal Louis-Joseph Maurin. Il est alors nommé vicaire de la paroisse ouvrière d'Oullins, puis devient curé de la primatiale Saint-Jean de Lyon en 1925. Il est parallèlement responsable d'un groupe de jeunes et passe beaucoup de temps à confesser[1].
En 1933, il devient sous-directeur de l'enseignement libre et doit ainsi gérer 850 écoles. Considérant que la foi est présentée aux enfants de manière peu satisfaisante, il publie notamment, en 1948, un manuel de doctrine catholique. De 1930 à 1939, il organise également des conférences dominicales chez les Sœurs de Notre-Dame du Cénacle pour faire connaître et aimer la Vierge Marie. Le succès de sa prédication est tel que les auditrices passent de 12 à 300[2].
Foyers de charité
[modifier | modifier le code]Le , Georges Finet rencontre à Châteauneuf-de-Galaure Marthe Robin, dont il devient le directeur spirituel. Ensemble, ils créent les Foyers de charité dont il devient également le responsable. Il les définit comme un « séminaire pour les laïcs » marqué par des retraites « riches de l'essentiel », dans le silence, la prière liturgique et personnelle et une forte dévotion à la Sainte Vierge. Réputé pour son zèle religieux, il prêche au total 486 retraites et fait de nombreux voyages pour développer d'autres foyers[1].
En 1986, soit 5 ans après la mort de Marthe Robin, l'œuvre des Foyers de charité est reconnue par le Conseil pontifical pour les laïcs[3]. Entretemps, d'autres foyers ont été érigés en France, en Amérique latine (1958), en Afrique (1961) et à Hô Chi Minh-Ville (1968), puis dans d'autres pays en Asie[1]. Le père Finet meurt le , jour du samedi saint[4].
Accusations d'abus sexuels
[modifier | modifier le code]Le , à la suite des scandales d’abus sexuels sur mineurs dans l’Église catholique, France Culture diffuse plusieurs témoignages de victimes présumées avoir été abusées par des prêtres pendant leur minorité. L’une d’elles durant son témoignage (d'abus en pensionnat dans un tout autre cadre) rapporte des propos que lui aurait confiés une amie décédée depuis plusieurs années : « les confessions avec le Père Finet c’était pas drôle, c’était la tête entre ses cuisses »[5],[6].
Le , La Croix révèle que le père Georges Finet fait l’objet d’une commission de recherche composée d’experts indépendants ayant gardé l'anonymat et présidée par Françoise Gaussen, ancienne directrice de l’enseignement catholique de l’archidiocèse de Marseille. En effet les Foyers de charité ont été « interpellés à plusieurs reprises au sujet du père Georges Finet sans pouvoir vérifier la véracité des témoignages » selon le père Moïse Ndione, modérateur de la communauté[7].
Le , l’œuvre des Foyers de charité rend publique la synthèse du rapport de la commission de recherche[8] qui a récolté 143 témoignages sur une large période allant de 1945 à 1983. La synthèse note que « la majorité des personnes qui ont contacté la commission ont souhaité apporter un témoignage de reconnaissance envers le père Finet » et « n’ont jamais rencontré de problèmes avec le père Finet, notamment en confession, sinon d’éventuelles maladresses dans les questions posées. » Néanmoins, « 26 femmes, principalement des anciennes élèves de Châteauneuf-de-Galaure, alors âgées pour la plupart de 10 à 14 ans, ont dénoncé le comportement du père Finet au cours de confessions. Des témoignages concordants relatent des touchers du corps, parfois à même la peau, sous les vêtements, et des questions intrusives sur leur sexualité. Ces agissements ont constitué de graves intrusions dans la vie intime de ces jeunes filles et jeunes femmes, et leur ont causé des blessures psychologiques et spirituelles. 15 personnes victimes témoignent de souffrances encore vives aujourd’hui. »[9].
Critiques
[modifier | modifier le code]Cette enquête et sa méthodologie sont critiquées par la philosophe et théologienne Aline Lizotte[10] et par l'abbé Bernard du Puy-Montbrun, docteur en droit canonique, selon qui ce rapport serait contraire au droit pénal notamment en transformant la présomption d'innocence en présomption de culpabilité et en accusant un mort alors qu'il n'existe pas de procès post-mortem[11].
De son côté, l'hebdomadaire Golias avance que selon ses informations « c’est la direction des Foyers de charité qui a rédigé la synthèse du rapport de la Commission » et suggère qu'il s'agit « d'une tentative de se débarrasser d’un fondateur » : « sa figure d’envergure gênait pour la transformation souhaitée de l’œuvre des Foyers ». L'hebdomadaire dénonce « les investigations de la commission menées seulement à charge ; l’ignorance sur les noms de ses membres hormis celui de la présidente, Mme Gaussen ; la minimisation des dizaines de témoignages favorables [...] ; l’absence d’évaluation critique des abus : l’oubli de la famille Finet, seule habilitée à défendre la mémoire de son oncle »[12]. Pierre Vignon, prêtre du diocèse de Valence, par ailleurs très impliqué dans le suivi de victimes d'abus sexuels dans l’Église, fait également part de ses doutes : « Les phrases rapportées sont vraies, mais sorties de leur contexte et peuvent être interprétées. J'ai été son collaborateur pendant des années, le Père Finet n'était pas le prédateur sexuel que la commission de recherche indépendante laisse entendre en relevant des bouts de phrase parmi d'autres » Il pointe certaines invraisemblances dans les faits tels qu'ils sont rapportés : « Il y a des choses qui ne collent pas si on a une bonne connaissance du fonctionnement des Foyers à l'époque. »[13]
Nouveaux témoignages
[modifier | modifier le code]Le 7 juin 2020, Moïse Ndione, modérateur des Foyers de charité, fait état dans une lettre aux membres de l'œuvre de vingt nouveaux témoignages s'ajoutant aux 26 autres qui « confirment de manière concordante des agissements graves du père Finet »[14],[15].
Le 10 juin, un collectif d'anciennes élèves de l'école du Foyer de Châteauneuf-de-Galaure conteste l'enquête de la Commission Gaussen qu'elle estime « illicite et non fondée malgré les apparences »[16].
Répondant aux critiques, Thierry Coustenoble, secrétaire général des Foyers, déclare au magazine Famille chrétienne que « la composition de la commission a respecté les directives données par le Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie, et s’est faite en collaboration avec les services de la Conférence des évêques de France (CEF). ». L'information est confirmée à l'hebdomadaire par Éric de Moulins-Beaufort, président de la CEF expliquant : « L’objectif n’est pas de condamner le Père Finet, mais de faire la vérité sur ses actes »[17].
Les neveux et nièces du Père Finet publient un « droit de réponse » aux accusations portées contre leur oncle, niant catégoriquement les comportements déviants qui lui sont attribués[6].
En septembre 2020, 42 anciennes élèves de Châteauneuf-de-Galaure portent plainte contre X avec constitution de partie civile pour « diffamation envers la mémoire d'un mort » devant le Tribunal judiciaire de Paris[18]. Certaines de ces élèves contestent l'usage fait de leur témoignage, estimant devenir des « victimes à leur insu »[6].
Le collectif annonce le 23 septembre 2021 avoir obtenu la recevabilité de la plainte de 49 anciennes élèves s'étant constituées parties civiles au titre d'héritières morales et spirituelles de l'abbé Georges Finet[19],[20].
Soupçons d'imposture
[modifier | modifier le code]Thierry Coustenoble, ancien secrétaire général des Foyers de Charité, accorde une interview au quotidien La Croix le . Ses recherches à l’École Pratique des Hautes Études (EPHE), pour comprendre les dérives observées au sein des Foyers, l'ont amené à explorer « leur origine présentée comme divine ou providentielle ». Il apparaît que les textes fondateurs de l’œuvre écrits par Marthe Robin et Georges Finet, respectivement en 1936 et 1957, empruntent largement au Livre de l’Amour miséricordieux de Marie-Ange Merlier (1891-1978) paru antérieurement en 1934. Selon Thierry Coustenoble, cette découverte remet en cause l'origine d'une œuvre présentée jusqu'alors comme « directement inspirée par Jésus » à travers Marthe Robin, qui a fait de Georges Finet « le père spirituel d’une femme en relation directe avec Dieu, ce qui rend impensable voire impossible toute critique ». Sur ce point, il rappelle que « le rapport de la commission Gaussen a pointé par exemple un positionnement non ajusté du prêtre en tant que père au sein des Foyers, sur le modèle de "la figure du père Finet [qui] estompe celle du Père dans la Trinité." »[21].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- « Le père Georges Finet », sur Foyers de charité (consulté le ).
- « Qui est l'abbé Finet ? », sur martherobin.com (consulté le ).
- Marie Sabbagh, « Ma figure spirituelle : le père Finet », La Vie, (lire en ligne, consulté le ).
- « Biographie - L'abbé Georges Finet », sur foyer-châteauneuf.com (consulté le ).
- « La parole libérée », sur France Culture (consulté le )
- Sabine Cessou, « Abus aux Foyers de la Charité : des doutes sur les accusations contre le père Finet », RFI, (lire en ligne, consulté le )
- Clémence Houdaille, « Le cofondateur des Foyers de charité fait l’objet d’une commission de recherche », La Croix, (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
- « Restitution des principales données et conclusions de la commission de recherches pluridisciplinaire sur l’abbé Georges Finet » [PDF], Les Foyers de charité, (consulté le )
- « Communiqué de presse » [PDF], sur Foyers de charité, (consulté le )
- Aline Lizotte, « La damnation des élus - Réfléxions sur les accusations portées contre le père Georges Finet », Web, (lire en ligne)
- Bernard du Puy-Montbrun, doyen émérite de la faculté de droit canonique (ICT), « Le non-droit du pouvoir qui tue! », SRP-presse.fr, (lire en ligne)
- François Robinson, « Foyers de Charité : qu'en est-il de l'affaire Georges Finet? », Golias Hebdo, no 625, 21-27 mai 2020 (lire en ligne)
- « Châteauneuf-de-Galaure - Les soutiens du Père Finet contre-attaquent », Drôme Hebdo, (lire en ligne, consulté le )
- Rédaction/AFP, « Abus aux Foyers de la charité dans la Drôme : 20 nouvelles victimes présumées témoignent », La Dépêche, (lire en ligne, consulté le )
- Rédaction/AFP, « Abus aux Foyers de la charité: quasi-doublement du nombre de victimes présumées », Le Figaro, (lire en ligne, consulté le )
- Céline Hoyeau, « Le travail de la commission Gaussen contesté par les défenseurs du père Finet », La Croix, (lire en ligne, consulté le )
- Samuel Pruvot et Hugues Lefèvre, « Père Georges Finet : l’enquête contestée », Famille chrétienne, (lire en ligne, consulté le )
- « Foyers de charité: d’anciennes élèves portent plainte contre X », Vatican News, (lire en ligne, consulté le )
- Camille Lecuit, « Affaire du père Finet : d’anciennes élèves portent plainte pour diffamation », Famille chrétienne, (lire en ligne, consulté le )
- Thibaut Carage, « Drôme : 49 plaintes pour réhabiliter la mémoire du père Finet accusé d’abus sexuels sur mineures », Le Dauphiné libéré, (lire en ligne, consulté le )
- Céline Hoyeau, « Derrière Marthe Robin, cette autre femme qui aurait inspiré les Foyers de charité », La Croix, (lire en ligne, consulté le )
Annexes
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
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- Sophie Lebrun, « Entre révélations et contestations, les Foyers de charité dans la tourmente », La Vie, (lire en ligne, consulté le )