Kosovska Mitrovica — Wikipédia

Mitrovicë = Sud Mitrovica
Blason de Mitrovicë = Sud Mitrovica
Héraldique
Kosovska Mitrovica
Administration
Pays Drapeau du Kosovo Kosovo
District Sud Mitrovica
Commune Sud Mitrovica
Maire
Mandat
Bedri Hamza
2021-2025
Code postal 40 000
Démographie
Population 83 235 hab. (54000)
Géographie
Coordonnées 42° 53′ 00″ nord, 20° 52′ 00″ est
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Kosovo
Voir sur la carte topographique du Kosovo
Mitrovicë = Sud Mitrovica
Géolocalisation sur la carte : Serbie
Voir sur la carte administrative de Serbie
Mitrovicë = Sud Mitrovica
Commune de Mitrovicë
Administration
Démographie
Population 83 235 hab. (54000)
Densité 238 hab./km2
Géographie
Superficie 35 000 ha = 350 km2

La ville de Mitrovicë anciennement Titova Mitrovica est située dans le nord du Kosovo. Ville d'environ 80 000 habitants (82 264 habitants en 2003 selon l'Initiative européenne de stabilité (ESI)[1]), elle est devenue l'archétype de la ville divisée entre Serbes et Albanais.

Les résultats préliminaires du recensement de 2011 indiquent que la population de Mitrovicë est de 71 601 habitants, mais précisent qu'une partie de la population n'a pas acceptée d'être recensée (comme dans le cas des communes du Nord du Kosovo : Leposaviq ou Zubin Potok)[2]. Sous le feu des projecteurs pendant la guerre du Kosovo en 1999, cette ville est revenue au cœur des préoccupations lors de la déclaration d'indépendance du Kosovo le .

Géographie

[modifier | modifier le code]

La ville est traversée par la rivière Ibar qui marque une délimitation entre les deux quartiers nord et sud, où se font face depuis des années Serbes et Albanais. L'urbanisme des deux quartiers est différent, avec un quartier nord marqué par des immeubles et de grandes artères dégagées datant de l'ère titiste (urbanisme de type communiste) et un quartier sud dont le paysage est marqué principalement par des maisons basses (un ou deux étages), des artères dégagées en moins grand nombre et de nombreuses petites ruelles se terminant parfois en impasses. Plusieurs ponts traversent la rivière Ibar reliant ainsi les deux quartiers, dont le plus connu est le pont ouest, qui relie les deux centres-villes où l'on retrouve les principaux magasins de la ville.

Le pont de Mitrovica qui sépare le quartier sud et nord

On peut distinguer plusieurs quartiers dans la ville de Mitrovica :

  • Le quartier au sud de la rivière Ibar, où la majorité d'habitants est albanaise, est le quartier le plus étendu de la ville. Son extension se poursuit en direction du Sud.
  • Le quartier au nord de l'Ibar, où la majorité d'habitants est serbe, constitue le second quartier le plus étendu de la ville.
  • Il existe plusieurs poches de peuplement minoritaire dans la ville. Le paysage socioculturel de ces quartiers est particulièrement mouvant. Parmi ces "poches", on remarque quelques quartiers célèbres pour leur actualité et leurs particularismes, tels que Bosnjacka Mahala (littéralement : le « quartier des Bosniaques », surnommé Petite Bosnie[3]), et Roma Mahala (littéralement le quartier des Roms, il fut totalement détruit pendant la guerre du Kosovo et dans les jours qui suivirent : après avoir vécu dans des camps de déplacés, les Roms sont aujourd'hui en voie de revenir dans un quartier en grande partie reconstruit[4])

Mitrovica est dominé par un monument célébrant le triomphe du socialisme. À l'époque de Tito, c'était une grande cité industrielle, dont l'essor reposait sur les mines de Trepča (en) ( lignite, plomb, zinc, argent ). En 1989, les mineurs albanais se mirent en grève et s'enfermèrent au fond des puits pour réclamer plus d'autonomie pour le Kosovo, alors partie intégrante de la Serbie. Aujourd'hui, les barres d'immeubles se font face de chaque côté de l'Ibar. Autour des ponts et des passerelles piétonnes, gardés par les soldats français de la Force pour le Kosovo (KFor), les tensions communautaires restent très vives. Hier encore, les collègues de travail et les voisins ne se parlent plus : les uns se considèrent Kosovars, tandis que les autres estiment toujours vivre en Serbie et rejettent l'autorité du gouvernement de Pristina.

Au nord, un quartier majoritairement serbe (13 402 Serbes sur 16 352 habitants en 2003[1]), et au sud un quartier majoritairement albanais (65 012 Albanais sur 65 912 habitants en 2003[1]). Tout sépare ces deux parties de la ville : au-delà des appartenances communautaires et religieuses, le fonctionnement même de la ville est divisé en deux. Au nord, le dinar serbe (monnaie de la Serbie), au sud l'euro. Au nord, une langue slave, le serbe, écrite en alphabet cyrillique. Au sud, la langue albanaise, écrite en alphabet latin. Des municipalités distinctes sur les deux rives de l'Ibar. Avec un entre-soi communautaire déjà très prononcé avant la guerre, qui s'est conforté au fur et à mesure des exactions de la part des groupes armés des deux communautés[5]. Et également, des petites minorités (Roms, Ashkalis, Gorans...) dont le futur est incertain.

Lors des émeutes de 2004, la ville est un foyer de tension entre les Serbes du Kosovo et les Albanais du Kosovo. Des monuments et des habitations sont dégradés voire détruits, des pogroms ont lieu.

Le {{date[14 mars 2008}}, à la suite de la déclaration d'indépendance du Kosovo, le tribunal de l'ONU de Mitrovica est investi par 300 manifestants serbes, anciens magistrats, employés et militants, qui réclament son placement sous autorité serbe[6].

Trois jours plus tard, des heurts extrêmement violents éclatent lorsque des policiers de la mission d'administration intérimaire des Nations unies au Kosovo (Minuk) couverts par des militaires de la Kfor de l'OTAN, reprennent le contrôle du tribunal de l'ONU occupé. La cinquantaine d'occupants serbes, qui interdisaient aux employés albanais de pénétrer dans le tribunal, n'ont offert aucune résistance lors de leur arrestation mais des centaines de manifestants extérieurs ont voulu s'interposer. Se regroupant autour du palais de justice pour empêcher leur départ, les émeutiers ont attaqué les forces internationales de maintien de la paix à coup de pierres, grenades, cocktails Molotov mais aussi, pour la première fois, de rafales d'armes automatiques, tandis que les hommes de la Minuk et de la Kfor tentaient de contenir les émeutiers au moyen de gaz lacrymogènes puis de tirs de balles en caoutchouc. Ont été à déplorer, au moins, 80 blessés parmi les émeutiers serbes (dont 15 par balles), 27 policiers de la Minuk et 30 militaires de la Kfor, dont vingt français, victimes auxquelles il faut ajouter un policier ukrainien de l'ONU tué par l'éclatement d'une grenade [7],[8].

L'indépendance pose également la question du nom de cette ville. Longtemps appelée Kosovska Mitrovica par la Serbie et les populations serbes, Mitrovica par la communauté internationale par souci de neutralité (voire parfois Mitrovitsa[9]) et Mitrovicë par les Albanais[10].

Localisation de la commune/municipalité de Mitrovicë/Kosovska Mitrovica au Kosovo

Selon la pratique de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, le nom d'une localité porte en premier celui donné par la nationalité majoritaire ; pour Mitrovicë/Kosovska Mitrovica, il figure en albanais :

Démographie

[modifier | modifier le code]

Un recensement de la population a été réalisé en 2011 par le Kosovo et est à considérer avec précaution dans la mesure où il a été boycotté par les Serbes. Les données communiquées mêlent ainsi les résultats du recensement kosovar et, pour les Serbes, des estimations datant de 2008-2009[11],[12].

Population dans la ville intra muros

[modifier | modifier le code]

Évolution historique de la population dans la ville

[modifier | modifier le code]
Évolution démographique
1948 1953 1961 1971 1981 1991 2011
13 90117 19526 72142 16052 86664 32346 230[11],[12]
Évolution de la population

Répartition de la population par nationalités

[modifier | modifier le code]
Mitrovicë/Kosovska Mitrovica Sud (2011)

En 2011, les Albanais représentaient 93,34 % de la population, les Ashkalis 1,91 %, les Roms 1,56 %, les Turcs 1,52 % et les Bosniaques 1 %[13].

Kosovska Mitrovica Nord (2008-2009)

Pour Kosovska Mitrovica Nord, la population, estimée à 12 326 habitants, compterait 11 459 « Serbes et autres » nationalités et 867 Albanais[14].

Population dans la municipalité

[modifier | modifier le code]

Évolution historique de la population

[modifier | modifier le code]
Évolution démographique
1948 1953 1961 1971 1981 1991 2011
32 80038 71650 74771 35787 531104 88584 235[11],[12]
Évolution de la population

Répartition de la population par nationalités

[modifier | modifier le code]

Le recensement kosovar de 2011 rend compte de la population dans la commune/municipalité, sans y intégrer les estimations de Kosovska Mitrovica Nord dont les données ont déjà été communiquées ci-dessus. La population concernée compte ainsi 71 909 habitants[13].

En 2011, les Albanais représentaient 96,65 % de la population[13].

Monuments culturels protégés

[modifier | modifier le code]

Mitrovicë/Kosovska Mitrovica abrite quelques édifices anciens protégés, mentionnés par l'Académie serbe des sciences et des arts[15] et inscrits ou proposés pour une inscription sur la liste des monuments culturels du Kosovo[16] :

À Mitrovicë/Kosovska Mitrovica
La maison de Xhafer Deva
Le bâtiment de l'hôtel Jadran
Dans la commune/municipalité

La ville a deux clubs de football, la plus populaire et plus ancienne le FK Trepča (en) et la seconde crée des années après le KF Trepça '89

Mines et métallurgie du plomb et du zinc.

Personnalités

[modifier | modifier le code]
Isa Boletini, héros national du Kosovo

Coopération internationale

[modifier | modifier le code]

Mitrovicë est jumelée avec :

Références

[modifier | modifier le code]
  1. a b et c European Stability Initiative - ESI, 30 janvier 2004, A post-industrial future ? Economy and society in Mitrovica and Zvecan, http://www.esiweb.org/index.php?lang=en&id=156&document_ID=61
  2. [Selon les résultats préliminaires du recensement de la population du Kosovo de 2011 http://esk.rks-gov.net/rekos2011/?cid=2,40,265]
  3. Bénédicte Tratnjek, "Du jeu des sept erreurs du quartier Petite Bosnie. Les recompositions sociospatiales dans la ville de Mitrovica (Kosovo)", EspacesTemps.net, rubrique Les Mensuelles : La photo du mois, 8 juin 2009
  4. Voir le site du Danish Refugee Council (en anglais) présentant l'histoire et la reconstruction de ce quartier
  5. TRATNJEK, Bénédicte, 2006, "Le nettoyage ethnique à Mitrovica : interprétation géographique d'un double déplacement forcé", Bulletin de l'Association de Géographes français, no 2006-4, pp. 433-447
  6. « Un tribunal de l'ONU pris d'assaut par des Serbes à Mitrovica », EuroNews (consulté le ).
  7. lefigaro.fr, « Vingt soldats français blessés au Kosovo » (consulté le ).
  8. www.lemonde.fr, « Kosovo : émeutes à Mitrovica, un mois après l'indépendance » (consulté le ).
  9. Aben, Jacques « Une géographie politique de Mitrovitsa », Défense nationale, no 2, février 2003, Paris, pp. 99-109
  10. Presentations - Mitrovica - Kosovo - ESI
  11. a b et c (sq) « Évolution de la population 1948-2011 », sur pop-stat.mashke.org (consulté le ).
  12. a b et c (sr) (sq) « Évolution de la population 1948-2011 », sur pop-stat.mashke.org (consulté le ).
  13. a b c d et e (sq) « Composition ethnique 2011 », sur pop-stat.mashke.org (consulté le ).
  14. (sr) (sq) « Composition ethnique 2008-2009 », sur pop-stat.mashke.org (consulté le ).
  15. (sr) « Lista spomenika na teritoriji opštine Kosovska Mitrovica », sur spomenicikulture.mi.sanu.ac.rs, Académie serbe des sciences et des arts (consulté le ).
  16. a b c d e f g h i j k l m et n [PDF] (sq) « Lista e trashëgimisë për mbrojtje të përkohsheme »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur mei-ks.net, Site du ministère kosovar de l'Intégration européenne (consulté le ).
  17. (sr) « Stari amam (zgrada muzeja), Kosovska Mitrovica », sur spomenicikulture.mi.sanu.ac.rs, Académie serbe des sciences et des arts (consulté le ).
  18. (sr) « Kuća Ehat Čoroglija, Kosovska Mitrovica », sur spomenicikulture.mi.sanu.ac.rs, Académie serbe des sciences et des arts (consulté le ).
  19. (sr) « Crkva Sv. Save, Kosovska Mitrovica », sur spomenicikulture.mi.sanu.ac.rs, Académie serbe des sciences et des arts (consulté le ).
  20. a et b (sr) « Kuća Blagoja Đorđevića, Kosovska Mitrovica », sur spomenicikulture.mi.sanu.ac.rs, Académie serbe des sciences et des arts (consulté le ).
  21. (sr) « Latinska ili Saška crkva, Stari Trg », sur spomenicikulture.mi.sanu.ac.rs, Académie serbe des sciences et des arts (consulté le ).
  22. (sr) « Stara Trepča - srednjovekovni rudarski kompleks, Stari Trg », sur spomenicikulture.mi.sanu.ac.rs, Académie serbe des sciences et des arts (consulté le ).
  23. (sr) « Ostaci srednjovekovnog rudarskog grada Trepče, Trepča, Mažići », sur spomenicikulture.mi.sanu.ac.rs, Académie serbe des sciences et des arts (consulté le ).
  24. (sr) « Trepčanski Grad - Ćutet, Zaselje », sur spomenicikulture.mi.sanu.ac.rs, Académie serbe des sciences et des arts (consulté le ).

Liens externes

[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Articles connexes

[modifier | modifier le code]